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Pour la 3 ème édition du marché de Noël à Montaulieu, dans un village dans la Drôme en France, l’association Resarti à présenter les tapis de l’association Tagaza de Timimoun, les produits de pillawoda Alger et les produits locaux d’artisanat. Le bar à couscous que l’association a fait, pour présenter l’art culinaire Algériens autour d’un repas convivial et de la richesse du couscous, au menu, il y avait un couscous au poulet, à la viande et un végétarien (Afouro).Une ambiance de l’autre rive sur village perché dans la montagne du côté nord de la Méditerranée, à permis a plusieurs nationalité de se réunir, suisse, française, belge et algérienne. Grâce au couscous préparer par des algériennes venu d’Alger pour faire découvrir les saveurs cannelle, navet qu’on déguste à Alger.



C’est une question que notre chauffeur demandait aux passants dans un village des Hauts Plateaux algériens. « Non il y’en a plus, c’est fini ». Finalement, nous avons continué notre recherche dans un autre village, tellement petit que nous avons fait le tour en moins de 5 minutes. C’était une journée où le soleil battait son plein en cette fin de mois d’Août, un peu après 15h et les rues étaient complètement désertes. Nous pensions alors que l’aventure allait s’arrêter nette.  Le chauffeur s’impatientait, soudain une petite épicerie apparaît, et là j’ai proposé d’aller demander à l’intérieur de l’épicerie. “Ta3ref wahda li mazalha dir nassij”? et là surprise, le vendeur acquiesça et me montra du doigt une maison et il m’indiqua: « Celle au portail rouge, la famille y fait du tissage ». nous nous mimes à toquer ; pas seulement une ou deux, nous sommes accueillies par un groupe de 3 femmes. Une d’elle âgée nous raconta qu’à une époque elle faisait beaucoup de tissage mais cette époque est révolue. 

Elle a eu des problèmes de dos et en plus la demande en tapis commença à s’amoindrir. 

Nous interrogeons ces femmes : « Donc, si on comprend bien, il n’y a plus de femmes qui savent faire du tissage ? ». Rapidement, elles nous expliquent que si, il faut connaître les gens et que les changements sociaux ont impacté la production de tapis, de telle sorte que la pénibilité liée au travail du tissage a poussé les femmes qui avaient les moyens, de se défaire de cette activité et de choisir un autre métier. Mais d’autres femmes plus vulnérables, ont gardé ce savoir-faire afin de subvenir à leurs besoins. C‘est un des témoignages que nous avons recueillis et cette quête du tissage nous a rendu perplexes. 

L’Algérie a un héritage dans le domaine du tissage qui a traversé plusieurs siècles, il y a autant de régions qu’il n’y a de tapis. Certains ont connu leur âge d’or comme le tapis de Timimoun ou celui de Djebel Amour. Aujourd’hui, le marché du tapis de Ghardaïa est connu de tous en Algérie, mais qui connaît encore la fameuse place historique du marché de tapis d’Aflou ? 

La production des tapis algériens paraît tenir qu’à un fil. En lisant le livre Atelier de Tigurarin, nous apprenons qu’il y’a peu de tapis anciens dans les collections des Musées algériens. 

Se pose alors la question, de la préservation, la possibilité de la documenter ?

Comment préserver, si le savoir-faire se perd ? C’est alors que la culture orale vient s’immiscer et devient centrale. Reste-t-il des personnes qui peuvent partager leur expérience dans ce domaine ?

A Aflou, Mr Faycal, fait partie d’un des 5 derniers reggam d’Algérie. Le reggam est le maître tisseur qui guide les tisseuses dans la conception du tapis. Dans la maison d’Artisanat d’Aflou, Mr Faycal forme jusqu’à ce jour des femmes tisseuses à la production du tapis Djebel Amour. 

Il est tombé dans le métier, en regardant sa grand-mère faire depuis tout petit. Il a également commencé son expérience comme vendeur de tapis à Aflou, et sa connaissance du tapis du Djebel Amour, faisait de lui un excellent vendeur.

 C’était très commun dans les foyers algériens il y ‘ a plus de 40 ou 50 ans en arrière de voir les femmes tisser. 

Métier à tisser dans la région d’Aflou, reggam et tisseuse sont de part et d’autre du métier (dessin B. Yellès).

Beaucoup d’amis nous ont également parlé de souvenirs d’enfance en lien avec des femmes qui tissaient dans leurs familles.

En termes de préservation, l’atelier Tigurarin est une initiative admirable, qui correspond à une coopération entre deux associations, pour refaire vivre les tapis de Timimoun. Mr Kadiri nous avait prévenu : « La fabrication de tapis anciens c’est fini à Timimoun, nous sommes les seuls encore en vie ».

Si la survie est inévitable, pourquoi ne pas imaginer une politique publique qui remet le tissage à l’honneur avec des ateliers de formation dans tout le pays. Nous avons des exemples de pays qui ont su bénéficier de cet art ancestral grâce à un système de coopératives qui s’est développé et grâce au tourisme. Nous avons également des initiatives qui ont existé au sein même de l’Algérie.

Savez-vous que les sœurs des pères blancs ont beaucoup œuvré dans le domaine du tissage ? Les sœurs formaient des femmes algériennes à l’art du tissage. 

A BouSaâda, on nous a parlé de la sœur Odile Lesenn, Messaouda pour nom d’adoption, qui a réalisé un recueil au sujet du métier à tisser dans la Cité du bonheur entre 1976 et 1986 en allant sur le terrain et à la rencontre des tisseuses. Nous avons recueilli le ttémoignage d’une tisseuse qui avait travaillé dans le même atelier qu’elle et qui racontait comme anecdote que sœur Odile s’était si bien intégrée qu’elle parlait très bien le dialecte local et que malheureusement la tisseuse n’a pas pu améliorer sa pratique du français, il y’avait à l’époque, un tourisme international à Boussada, et les touristes appréciaient tellement leur expérience qu’ils apportaient comme souvenir un tapis dans leur valise. C’est ainsi qu’une grande partie de la production de tissage s’écoulait. 

D’ailleurs, autre illustration du rôle des Sœurs, l’Etat algérien avait demandé à la sœur Marguerite Laporte une étude concernant l’état des lieux du secteur artisanal dans les années 70.

Même si à travers nos échanges au sujet du tapis algérien, le champ lexical de l’épilogue était omniprésent, à nos yeux, il reste un espoir. Nous avons besoin de nous réapproprier le tapis algérien. Avant il était question d’objet lourd et grand, qui peut-être ne peut plus correspondre aux nouveaux espaces d’habitation, vu les changements qui s ‘opèrent dans la société algérienne.     

Le tapis a toujours accompagné les hommes et les femmes dans leurs foyers, qu’ils soient nomades ou sédentaires. Le tapis est un objet mouvant qui a su s’adapter. Le tapis est un art, un moyen d’expression pour les tisseuses et le témoignage d’un héritage donné à travers toute une gamme de symboles. Le tapis algérien était connu au-delà les frontières du pays.

D’où l’importance de le préserver, le chérir et de lui rendre sa noble place pour perpétuer les traditions et remettre l’artisan à sa place d’artiste. 

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